Avec une baisse de 8 % par rapport à 2018, le chiffre des logements locatifs sociaux agréés pour 2019 n’est pas catastrophique comme le contexte budgétaire contraint pouvait le laisser supposer. Mais cette (plutôt) bonne performance pourrait cacher une tendance à la baisse plus structurelle, tant le paysage régional reste plein d’incertitudes.
La production de logements locatifs sociaux pour l’année 2019 s’établit finalement à 9 965 unités, dossiers présentés par les organismes Hlm et agréés par les services de l’Etat. La barre symbolique des 10 000 logements est presqu’atteinte et la catastrophe que beaucoup redoutaient n’est pas au rendez-vous. La baisse attendue par rapport à l’année précédente est réelle mais contenue : – 8 %. On pourra voir la bouteille à moitié pleine en estimant que, somme toute, le mouvement Hlm dans la région n’a pas trop pâti des restrictions budgétaires imposées par l’Etat. On pourra la voir à moitié vide en notant que certaines communes ont l’air d’avoir froidement décidé de ne plus accepter de logements sociaux sur leur territoire.
Le PLS en pointe
C’est en 2015, avec 10 262 logements agréés qu’une nouvelle phase s’est ouverte dans la région, suivie en 2016 du record de production, 12 602 logements. Même si 2019 est la plus mauvaise année depuis 2015, elle reste peu ou prou dans la lignée des deux précédentes, 2017 et 2018 avec respectivement 10 415 et 10 773 logements. Mais à regarder de plus près la répartition de cette production, on voit que ce sont les PLS qui permettent de tenir ce volume global. En effet, leur nombre passe de 1 758 en 2018 à 2 535 en 2019, alors que dans le même temps les PLUS (4 305 contre 5 106) et les PLA-I (3 125 contre 3 909) sont nettement en baisse.
Cette évolution va à l’encontre de la politique affichée par le Plan logement d’abord et la réforme de la demande et des attributions, qui est de loger les publics les plus défavorisés et les publics prioritaires. Si on compare les chiffres des objectifs 2019 avec la réalisation, on est obligé de constater que la fracture est réelle entre le souhaité et le réalisé. Ont été agréés 3 125 PLAI pour un objectif de 4 725 et 4 305 PLUS pour 6 078 affichés.
Les « petits » territoires plus performants que les métropoles
Une analyse par territoire fait ressortir que ce sont les « petits » qui ont fait le plus d’effort entre 2018 et 2019. Hors la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP), les communes des Bouches-du-Rhône ont progressé de 251 % avec 424 logements. Les Alpes-Maritimes, hors Nice Côte d’Azur (NCA), ont fait 50 % de mieux avec 1 413 logements. Les Alpes de Haute Provence ont réalisé une progression de 64 % avec 283 logements.
En revanche, la métropole NCA, même si elle reste quasiment dans l’objectif fixé, est en baisse de 16 %, le Var de 28 % (avec un record pour la Dracénie à – 67 %) et le Vaucluse de 11 % (même s’il atteint l’objectif fixé). La métropole AMP est quasi stable par rapport à 2018 avec une légère baisse de 2 %, mais elle reste stable à un niveau faible, loin derrière son objectif (3 140 logements agréés pour un objectif de 5 000).
Avec 1 000 logements en moins et 7 logements agréés seulement à Toulonle recul du Var est préoccupant, parce qu’il concerne territoire où le retard à rattraper est le plus important, , Ce ralentissement à rapprocher de la période des élections, risque de laisser des traces dans les années à venir.
En maintenant le volume global de sa production somme toute assez proche de l’année précédente, le mouvement Hlm a « tenu le coup » en 2019 alors qu’il y avait de grandes inquiétudes sur sa capacité à surmonter le contexte budgétaire général. Mais les élections en mars et l’élaboration tout au long de l’année des bilans triennaux (qui vont obligatoirement déboucher sur de nouveaux constats de carence) font peser de grosses inquiétudes sur les prochaines productions annuelles. (Contact Pascal Gallard)