Martial Aubry est directeur général de Var Habitat. Nous l’avons rencontré en sa qualité de président de la délégation territoriale varoise de l’OIP, d’avril 2018 à juin 2020, mandat qu’il a effectué en tant que représentant de l’AR Hlm Paca & Corse au Conseil d’administration de l’OIP.
(Photo Var Habitat)
Après ces deux ans de présidence de l’OIP du Var (Observatoire immobilier de Provence), quel est l’élément le plus important que vous retenez ?
L’OIP est un remarquable outil de partage de connaissances. C’est un regroupement de fédérations qui échangent les unes les autres, et cela permet vraiment d’avoir une vision d’ensemble de notre secteur. Il n’y a pas d’autre structure semblable. L’OIP rassemble toutes les familles de professionnels qui construisent et qui gèrent les logements, les bâtisseurs et les gestionnaires. Le mouvement Hlm a une position intéressante au milieu de tous ces professionnels, les organismes construisent et gèrent à la fois. C’est la seule famille qui pratique les deux et cela nous place au cœur des différentes problématiques.
Qu’avez-vous réalisé d’important durant ces deux années ?
J’ai permis de rassembler encore plus large, avec une vraie volonté de faire siéger tout le monde autour de la table. Les entreprises n’y étaient plus et j’ai fait en sorte d’accueillir la fédération du BTP du Var. La Fnaim, également, est revenue. Ne manquent plus que les notaires, ce sera la tâche du prochain président.
N’est-ce pas difficile de réunir toutes ces fédérations, dont les objectifs et les enjeux sont quelquefois antagonistes ?
Justement non. Nous sommes là pour nous parler pas pour nous affronter. Pour partager nos contraintes respectives et essayer de les dépasser. Il y a toujours eu une ambiance constructive dans nos échanges. Quand vous comprenez mieux les contraintes des autres, vous pouvez mieux les accompagner. Je prends un seul exemple, le quota de logements sociaux à maintenir dans les opérations de promotion privée. C’était un cauchemar pour les promoteurs. Une fois qu’ils ont compris ce que nous voulions et pourquoi ce quota leur était imposé, les choses se sont très bien passées. Il y a même eu de beaux partenariats sous ma présidence.
Qu’est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait ?
J’ai initié des choses qui doivent être amplifiées. Nos présentations publiques se déroulaient traditionnellement en fin de journée. Il y avait de moins en moins de monde. Il fallait s’adapter plus vite. La dernière présentation, en matinée avec un déjeuner à la fin, a réuni beaucoup plus de participants.
De la même façon, les prises de parole lors de ces présentations doivent être plus détachées des simples données chiffrées (nous savons désormais très bien faire cela) pour s’orienter vers de véritables réflexions sur le devenir de nos métiers. Nous devons être capables de confronter des experts d’horizons différents et de les faire échanger deux à deux. En octobre dernier, la réunion d’un urbaniste et d’un philosophe a généré un « ping pong » intellectuel tout à fait passionnant. J’en profite pour rendre ici hommage à Brigitte Houbey, la directrice de l’OIP, qui fait un travail formidable pour mettre en place toutes ces rencontres.
Vous pensez que le logement social et sa mission de service public ont une place dans ce rassemblement de fédérations professionnelles ?
C’est indispensable d’être présent dans une telle structure. Le logement social est très méconnu par les autres opérateurs du logement. C’est une action très positive de leur permettre de mieux nous connaître. C’est Bernard Oliver, qui a initié cette position au sein de l’OIP et j’ai maintenu le flambeau dans le Var. Cela permet de démythifier notre secteur, de faire sortir les gens des idées reçues sur les Hlm. Comme je le disais, nos contraintes et nos objectifs ont été mieux appréhendés par les autres opérateurs et désormais, plus personne ne remet en cause le fait que le secteur Hlm est un acteur incontournable de l’immobilier.
Comment cela se traduit-il dans les faits ?
Eh bien, les promoteurs nous intègrent désormais beaucoup plus en amont dans leurs opérations et nous pouvons être partie prenante des projets. Le BTP ne croit plus que nous ne jurons que par les entreprises générales et que notre seul souci est de trouver le prix le plus bas. Ils intègrent nos contraintes pour être davantage des partenaires. Et puis, nous sommes deux représentants du monde Hlm au sein de l’OIP. Je porte la voix des OPH et Pascal Friquet celle des ESH. Ce qui fait que les autres fédérations prennent aussi conscience de deux regards différents, même s’ils sont convergents. Elles appréhendent les nuances, le fait que le mouvement Hlm n’est pas un bloc monolithique.
Aujourd’hui, le monde Hlm est-il toujours représenté à l’OIP ?
Bien sûr. Je ne suis plus président de la délégation du Var (c’est Pierre-Alexandre Pernot qui représente la fédération des promoteurs immobiliers qui prend ma succession), mais l’AR Hlm Paca & Corse reste au bureau régional de l’OIP, en tant que secrétaire général.