GILLES SERVANTON : “NOUS AVONS PRIVILÉGIÉ LA PÉDAGOGIE ET LA CONNAISSANCE MUTUELLE”
Directeur départemental des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône (DDTM 13), Gilles Servanton a participé activement à l’élaboration des contrats de mixité sociale avec les maires des communes carencées. Il préconise de prendre en compte une vision globale de la dynamique de construction plutôt qu’une approche plus comptable, et se félicite de l’évolution de la situation dans le département.
Quasiment la moitié des communes carencées de la Région en 2014 se trouvaient dans les Bouches-du-Rhône (42 sur 88). Comment avez-vous abordé la situation ?
Notre choix a été de ne pas adopter une approche comptable froide. Nous avons privilégié le dialogue, la pédagogie et la connaissance mutuelle. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons une très bonne connaissance des 42 communes carencées du département. Le travail réalisé en commun pour élaborer et signer les contrats de mixité sociale nous a donné une vision très fine de la capacité du territoire à construire. Je précise que sur ces 42 communes, nous avons signé 36 de ces contrats, ce qui est un excellent résultat.
Le dernier CRHH, le mois dernier, a pointé encore 20 communes carencées sur les Bouches-du-Rhône…
Dont certaines ne l’étaient pas auparavant et qui le deviennent. Là encore, il ne faut pas avoir une lecture comptable. Il y a eu un changement substantiel dans un très grand nombre de communes. Nous devons préserver cette dynamique, être à l’écoute des réelles contraintes qui s’exercent sur les communes et prendre en compte les efforts réels qui sont faits. Ce que je vois, c’est que nous avons trouvé une réelle harmonie là où il y aurait pu y avoir des conflits ouverts. L’effort de reprise de la production est très net : nous sommes passés de 2200 à 5200 logements sociaux entre 2012 et 2016.
La loi Égalité & Citoyenneté prévoit qu’une commune puisse, sous certaines conditions, être libérée de l’obligation de construction imposée par la loi SRU. Des communes des Bouches-du-Rhône pourraient-elles être concernées ?
Ces dérogations sont décidées au niveau national et, effectivement, il y a 28 communes du département qui ont fait une demande, 23 pour des raisons de réseau de transport en commun inadapté et 5 pour inconstructibilité du foncier. Le Préfet doit donner un avis au ministère qui tranchera in fine. Il faut bien sûr que l’État soir vigilant, la demande ne peut pas être un prétexte à ne pas construire, mais la procédure est longue et complexe. De toute façon, la décision est provisoire et sera réétudiée tous les trois ans, à l’occasion des bilans triennaux.
Vous êtes intervenu, également, sur le programme de rénovation urbaine. Quel bilan tirez-vous du premier programme alors que le deuxième est en phase de mise en place ?
Je suis très heureux que l’ensemble des acteurs, l’État, les collectivités locales, les bailleurs sociaux et l’ANRU, aient su faire l’effort de mobilisation nécessaire pour que les engagements financiers à Marseille soient tenus dans les temps. Cela étant dit, le programme national pour la rénovation urbaine (PNRU) est une réelle réussite. Sur plusieurs quartiers, il y a eu une véritable métamorphose, notamment avec l’introduction de l’accession, sociale ou libre.Le nouveau programme (NPNRU) devra mettre un peu plus fortement l’accent sur les équipements, scolaires notamment, mais la direction est la bonne et la transformation des quartiers bien réelle. Elle va d’ailleurs continuer à se voir de plus en plus, parce que seulement 40 % des paiements en moyenne ont été réalisés sur le PNRU. Il reste encore 60 % à réaliser d’ici 2020.
Bio
Gilles Servanton est dipômé de l’Ecole d’administration des Affaires Maritimes
Après un passage comme conseiller technique au Secrétariat d’État à la Mer, il est, en 1994, adjoint au Préfet chargé de la mission de reconquête de l’Étang de Berre
Après avoir dirigé les Affaires Maritimes des départements de l’Aude et des Pyrénées Orientales entre 2000 et 2003, il est directeur régional des Affaires Maritimes de Poitou-Charentes entre 2005 et 2009
Il dirige la DDTM de Charente-Maritime en 2010 et devient DDTM des Bouches-du-Rhône en 2012