Bernard Oliver a été président de l’AR Hlm Paca & Corse pendant 20 ans. Il ne se représentait pas à la dernière assemblée générale de l’Association qui a eu lieu le 8 octobre. Tour d’horizon des moments forts d’une présidence qui aura marqué le mouvement Hlm régional.
Vous avez été élu à la présidence de l’AR Hlm Paca & Corse en 2000. Vous vous attendiez à y rester 20 ans ?
Evidemment que non. Je suis rentré au Conseil d’administration de l’Association régionale en 1995, au moment où je suis devenu président d’Habitat Marseille Provence (HMP). En 2000, j’ai succédé à Jean Fonkenell, qui était président de Logirem, et qui ne désirait pas rester à la présidence de l’AR Hlm. Il m’avait demandé de prendre sa suite. Depuis 1995, Jean-Noël Guérini, président de l’Opac Sud, l’ancêtre de 13 Habitat, avait décidé de quitter l’Association, prétextant qu’elle ne lui apportait rien. Donc, tout de suite, j’ai été confronté à ce qui sera le leitmotiv de ma présidence, essayer de rassembler toujours, de ne jamais diviser, gommer les différences et ce qui nous distingue pour mettre toujours en avant ce qui est commun. Dans ce souci de rassemblement, Jean-Noël Guérini a mis de nombreux mois à revenir, mais j’y suis arrivé.
Comment avez-vous fait ?
D’abord, j’étais soutenu par ses collaborateurs qui, eux, avaient compris l’importance de l’AR Hlm. Et puis, j’étais élu d’opposition dans sa mairie entre 1995 et 2001, et c’était plus simple pour le rencontrer. Nous avions des rapports cordiaux.
Vous parliez de rassembler les organismes Hlm, mais il a fallu aussi imposer l’Association régionale comme interlocuteur des pouvoirs publics…
Bien sûr, c’était notre volonté, à moi et au directeur de l’époque, Philippe Oliviero, qui m’a accompagné, d’ailleurs, pendant presque tous ces vingt ans, puisqu’il est parti à la retraite il y a deux ans. C’est une demande de rendez-vous du préfet Christian Frémont qui a été le déclencheur. Il était là depuis un an et il me demande de venir le voir. J’arrive dans son bureau et il me dit « je suis le plus mauvais préfet de France ». Je reste interloqué et il m’explique que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la région française qui a les moins bons résultats en matière de construction de logements sociaux. Il voulait mon aide pour mobiliser les bailleurs sociaux. Lui-même s’est impliqué : réunions en préfecture, prises de parole de sa part, mobilisation de ses collaborateurs à la Préfecture… L’AR Hlm a joué son rôle d’interface, de catalyseur, de rassembleur et en deux ans, nous sommes passés de 3 000 à 5 000 agréments.
Vous avez toujours eu de bonnes relations avec les préfets ?
C’était mon travail. Je dois dire qu’avec la quasi-totalité des préfets de région qui se sont succédé nos relations étaient toujours fructueuses et constructives. Au-delà des préfets, nous avons tissé des liens forts avec les services de l’Etat, en région et dans chaque département, avec les institutions en général, avec les collectivités locales et les communes. Au fil des années, l’AR Hlm est devenue un interlocuteur obligé.
Mais je n’étais pas un président seul sur son olympe. Tous les membres du conseil d’administration et du bureau ont participé à faire vivre et prospérer l’Association régionale. Il y a des gens de très grande qualité parmi les dirigeants d’organismes Hlm. Ils ont tous été à mes côtés. Permettez-moi de citer simplement l’une d’entre eux. En 2008, Dominique Estrosi-Sassone devient présidente de Côte d’Azur Habitat et siège au bureau de l’AR Hlm. Elle a apporté énormément de choses au mouvement Hlm régional et fait progresser la cause du logement social dans les Alpes-Maritimes de façon très importante. Et elle a permis de rétablir un véritable équilibre entre les deux grandes métropoles de la région.
La représentativité de l’AR Hlm a toujours été le principal de mon action. Dans le partenariat, dans la tolérance, dans le respect, mais avec des demandes légitimes. Nous ne nous sommes pas privés de faire preuve de fermeté vis-à-vis de l’Etat parce que ce que nous demandions était légitime et dans l’intérêt des organismes de logement social.
Vous disiez souvent qu’il ne fallait pas oublier que vous étiez là pour loger les plus démunis de nos concitoyens…
Effectivement. C’est notre vocation. Et les locataires sont le grand souci des organismes Hlm et ils ont été ma grande préoccupation tout au long de ma présidence. Nous logeons des gens et ces gens, nos locataires, doivent être le plus heureux possible dans nos programmes. Le bien-être de ces locataires est aussi le bien-être de nos salariés. L’attention que nous leur portons est dans notre ADN.
Vous avez vécu à de nombreuses reprises des grands événements, les Congrès Hlm dans la région, les soirées d’anniversaire de l’Association régionale… Quel est celui qui vous a le plus marqué ?
Indéniablement, c’est le Congrès 2018 à Marseille. La production de logements sociaux dans la région n’avait jamais été aussi élevée et le contexte national en faisait un Congrès important. Ce fut un grand moment de joie, d’autant plus qu’il a fallu quand même se battre pour obtenir ce Congrès. Mais j’ai vécu aussi le premier Congrès à Marseille en 1998 en tant qu’administrateur de l’Association régionale et celui de Cannes, en tant que président, en 2008. C’étaient des moments très forts émotionnellement.
Je garde un souvenir ému des conventions des personnels qui ont été organisées à l’occasion de la tenue de ces Congrès. La fierté de ces gens qui travaillent dans nos organismes… leur plaisir de se retrouver tous ensemble… A Marseille, en 2008, nous avions organisé la convention des personnels en parallèle au Congrès de Cannes. On a fait chanter tout le monde. C’était grandiose.
Les anniversaires aussi…
Bien sûr. Vingt ans (en tant qu’administrateur), trente ans, quarante ans… Chaque fois Philippe Oliviero a réussi quelque chose de très original. Les 40 ans, avec l’édition d’un « mook » des éditions Autrement et une soirée des partenaires avec Laurent Ghékière, directeur des affaires européennes de l’USH, et Philippe Herzog, ancien député européen, étaient particulièrement originaux et réussis. Là encore, à chaque fois, nous organisions une convention des personnels qui nous permettait de souder les salariés de nos organismes. C’est un souci permanent que j’avais.
Et demain ? Comment voyez-vous l’avenir de l’Association régionale ?
Je vais laisser le soin à la nouvelle équipe d’écrire elle-même son histoire. L’AR Hlm Paca & Corse est une belle institution, avec une équipe de permanents efficaces et compétents. Je salue le travail effectué par Pascal Gallard à mes côtés depuis deux ans et l’implication sans faille de tous les collaborateurs de l’Association. Un homme seul ne fait pas grand-chose. Tout ce que j’ai pu réaliser à la tête de l’AR Hlm, c’est aussi grâce à eux, à leur présence attentive, à leur compétence. Je les remercie ici, les directeurs Philippe Oliviero et Pascal Gallard, Florent Léonardi, aujourd’hui directeur adjoint qui je l’espère dirigera un jour l’Association régionale, les chargés de mission Aurélien Deroche et Anne Chemier, et les assistantes Danièle Amet, Corinne Martinez et Sylvie Legrand.
Et ne pouvant pas citer ici tous les administrateurs, pour qui j’ai une grande estime, j’ai une pensée personnelle pour Stéphane Bonnois, mon ami depuis 40 ans.