Que dire face au chiffre probable des agréments pour 2024 ? Il est assurément mauvais, le pire depuis 15 ans, et il acte le fait que nous sommes bel et bien dans une crise profonde, quelles que puissent en être les raisons. Lesquelles sont multiples et maintes fois analysées.
Derrière cette évidence, il faut bien être conscient que l’agrément est un résultat collectif et non à imputer uniquement aux bailleurs sociaux. La question de la « Vefa dépendance » est un des obstacles qu’il va nous falloir, collectivement, lever. Certes, avec 70 % de notre production assurée par la Vefa en 2022 et 2023 et avec une moyenne de 55 % de production en Vefa sur les dix dernières années, il est clair que la crise générale que vivent les promoteurs, rejaillit cruellement sur la production globale de logements sociaux.
Mais nous ne pourrons pas, de toute façon, acheter des logements en Vefa à des prix qui déséquilibrent lourdement nos opérations. Trop souvent, y compris dans certaines chartes pensées pour réglementer les prix de Vefa, les prix proposés aux bailleurs sociaux sont trop élevés et ne sont pas compatibles avec nos modèles économiques.
Ensuite, si, de toute évidence, les organismes Hlm restent toujours totalement mobilisés pour produire des logements, la grande question demeure : comment disposer d’un accès facilité au foncier sans lequel nous ne pourrons pas produire plus ? Dans d’autres régions de France, il y a des zones réservées pour le logement social, des projets d’aménagement public qui laissent la place aux bailleurs sociaux. Il est urgent d’organiser cela aussi dans notre région.
A cette condition d’un foncier plus accessible, nous serons alors en capacité d’utiliser pleinement nos services de maîtrise d’ouvrage directe et d’équilibrer la part de la Vefa dans la production. Ainsi, la reprise économique du secteur privé qui devra arriver dans les années prochaines nous permettra de retrouver un niveau de production compatible avec les besoins du territoire.
Un accès facilité au foncier, un prix de Vefa économiquement viable, voilà aujourd’hui les deux conditions de base sur lesquelles nous pourrons collectivement espérer des résultats d’agréments plus satisfaisants et remplir ainsi ensemble notre mission d’intérêt général au service des habitants. C’est le challenge collectif auquel nous sommes tous confrontés aujourd’hui, bailleurs sociaux, services de l’Etat, promoteurs privés et collectivités locales.
Éric Pinatel, Président de l’AR Hlm Paca & Corse