Armand Benichou est président de l’association HandiToit.
Votre association, HandiToit, entre dans une nouvelle phase de son existence, qui induit une nouvelle relation avec les bailleurs sociaux. Comment vous envisagez cette nouvelle articulation ?
C’est exact, nous allons désormais, avec l’appui de l’AR Hlm, développer de véritables prestations de services que nous allons proposer aux bailleurs sociaux. C’est une toute nouvelle étape dans la vie de notre association, qui a décidé de se mettre en capacité d’accompagner encore plus près tous les acteurs de la construction et principalement nos partenaires historiques que sont les bailleurs sociaux. Dorénavant, nous mettrons à leur disposition toute une offre de services.
Quel type de prestations ?
Nous proposons de renforcer la pertinence de notre collaboration. Par exemple, nous avons, ces dernières années, élaboré un cahier de préconisations qui listait les éléments à réaliser pour bâtir un logement adapté à des personnes handicapées ou à mobilité réduite. Nous intervenions au niveau de la conception du logement, en discutant avec le bailleur social sur plan.
A présent, nous allons accompagner les maîtres d’ouvrage tout au long du processus de construction et nous leur délivrerons à la fin un label « HandiToit » qui sera le garant de la bonne réalisation du logement selon notre cahier de préconisations. L’avantage est indéniable pour le bailleur social qui pourra alors se prévaloir de l’obtention du label.
Nous avons pour cela embauché un architecte qui sera présent aux côtés du maître d’ouvrage tout au long de l’exécution des travaux et jusqu’à la livraison. C’est ce travail d’accompagnement qui nous permettra de délivrer l’attestation finale.
D’autres propositions à côté de ce label ?
Oui, nous venons d’obtenir la qualification Qualiopi (marque de certification « qualité » des prestataires de formation, NDLR) et nous allons développer des formations spécifiques pour les personnels des organismes Hlm. Il y aura plusieurs niveaux. Nous prodiguons ces formations auprès des chargés d’opérations sur tous les aspects techniques et spécifiques du logement pour les personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie (personnes âgées).
Ce sont des publics particuliers qui se rapprochent bien sûr, mais il y a des différences et des façons d’aborder les thématiques qui ne sont pas identiques. Nous avons mis au point des modules spécifiques pour les organismes Hlm.
Et les promoteurs privés ?
Ce sera fait dans un deuxième temps. Au regard de la production importante de logements sociaux qui est réalisée en Vefa, il est clair qu’il nous faut aussi sensibiliser les promoteurs privés. C’est prévu dans le moyen terme. Mais pour cela, il sera indispensable pour HandiToit d’embaucher de nouveaux collaborateurs et nous devons d’abord assurer le développement de la première phase, celle qui concerne les bailleurs sociaux.
Vous avez déjà enclenché certaines actions ?
Nous avons signé avec Erilia une convention qui prévoit qu’HandiToit assure la formation de toutes leurs équipes sur le sud de la France. Avec Habitat Marseille Provence, l’accord, signé lors du dernier Congrès Hlm à Lyon, porte sur l’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage et la formation. Nos équipes sont maintenant prêtes pour répondre aux besoins de l’ensemble des bailleurs sociaux de la région en matière de handicap ou de perte d’autonomie.
Vous avez également développé un dispositif de conciergerie…
Absolument. Le concept, élaboré avec Erilia, est celui d’une conciergerie sociale et solidaire. C’est un outil qui permet de faciliter le maintien à domicile. Dans certains ensembles immobiliers, les locataires sont de plus en plus âgés et sont confrontés aux problématiques de la perte d’autonomie. Cette conciergerie permet de faciliter la vie quotidienne.
La première a été créée sur un programme Erilia dans le 8ème arrondissement de Marseille. Elle intervient dans une résidence déjà existante et offre non seulement la possibilité d’accompagner les locataires, mais aussi de créer du lien entre eux. A travers une personne référente dédiée à la résidence, la conciergerie propose trois axes d’actions. Le premier concerne l’accompagnement à la réalisation de travaux d’adaptation des logements. Nous assurons l’évaluation des besoins, la faisabilité et le coût des travaux, nous soutenons les personnes dans l’organisation du quotidien avant, pendant et après les travaux, nous organisons la réception et le bon usage des matériels. Nous diffusons l’information aux locataires sur ce premier axe, pour permettre anticiper et de prévenir les risques à domicile, notamment dans la salle de bains et la cuisine.
Le deuxième axe d’intervention de cette conciergerie concerne l’assistanat pour les besoins pratiques et non prévisibles, qui deviennent problématiques à cause de la perte d’autonomie. Il peut s’agir de remettre une porte de placard, changer une ampoule, apporter le courrier, récupérer des médicaments à la pharmacie… bref, accompagner le locataire dans tous les actes de sa vie quotidienne.
Le troisième axe est la mise en place d’une ressourcerie, un lieu d’échanges. Il peut s’agir d’objets, de matériel (de cuisine, de bricolage…) ou de savoir-faire (notamment dans l’intergénérationnel). C’est une mise en relation des locataires, qui peut déboucher également sur des rencontres autour d’événements ou d’activités régulières. Au-delà de l’aspect pratique, nous recréons le lien social et l’entr’aide.
Je pense sincèrement que ce dispositif de conciergerie est à même d’apporter un réel avantage aux bailleurs sociaux dans leur gestion quotidienne de certaines résidences. Et le vieillissement général de la population va multiplier dans les années à venir ce besoin d’accompagnement des personnes âgées.
Vous travaillez sur quel dossier actuellement ?
Nous essayons, de concert avec l’ARHLM, de convaincre les acteurs (bailleurs sociaux et services de l’Etat) que le financement du PLAI Adapté, calibré au départ pour des ménages en difficultés sociales, peut fort bien être utilisé pour la réalisation de logements adaptés équipés pour le handicap ou la perte d’autonomie. Nous commençons à rencontrer une vraie écoute et nous avons bon espoir d’arriver à réaliser plusieurs logements adaptés grâce à ce mode de financement.
Et pour l’avenir ?
Pour le moment, nous avons à solutionner un problème financier pour lequel, avec le soutien de l’AR Hlm, nous avons sollicité les bailleurs sociaux membres de l’association avec le vif espoir d’être entendus. Ensuite, avec nos nouvelles dispositions, nous devrions trouver un bon rythme d’activités et pourquoi pas, par la suite, l’étendre sur d’autres territoires.