Pour cette 5e édition du Palmarès de l’habitat, le jury avait reçu 25 dossiers de candidatures de grande qualité. Il a sélectionné 10 lauréats qui donnent une image du logement social de haute tenue, architecturale, environnementale, énergétique et d’insertion urbaine réussie. En espérant, comme le stipulait le préfet Christophe Mirmand, que les maires puissent se servir de ces réalisations exemplaires pour convaincre leurs administrés du bien-fondé de la construction de logements sociaux.
Les lauréats du 5e Palmarès régional de l’habitat ont été révélés le 18 novembre dernier dans les salons d’honneur de la préfecture de région à Marseille. L’événement est porté par l’AR Hlm Paca & Corse et l’État, en partenariat avec l’EPF Paca, Action Logement et la Banque des territoires. Ce Palmarès distingue tous les deux ans des opérations exemplaires de logements sociaux dans le but de promouvoir à travers elles une image d’innovation et de qualité du parc social, répondant aux besoins du territoire et de sa population. Les candidatures doivent être soutenues par un élu local et appuyées par un témoignage d’habitant.
Devant un parterre nombreux de professionnels et de services de l’État, les trophées ont été remis à chaque fois par un des membres du jury*. Un fascicule, édité par Bik & Book Editions, présente les dix lauréats avec des photos de certains habitants chez eux ou dans les parties communes. Ce fascicule est à disposition des bailleurs et des communes pour distribution auprès de leurs administrés. En parallèle, une exposition constituée de panneaux style « roll-up » présente le Palmarès et les opérations lauréates. Elle est à disposition des mairies qui voudraient l’exposer.
Le critère principal mis en avant cette année était la sobriété sous tous ses angles, énergétique, architecturale ou bien encore foncière. Le jury a reçu 25 dossiers de candidatures et a retenu dix lauréats dont un « Grand prix ».
Dans ses propos introductifs, le préfet de région Christophe Mirmand a souhaité que « ce Palmarès soit utile aux maires qui ont besoin de montrer à leurs concitoyens que le logement social n’est plus ce qu’il a pu être dans les années 70 et qu’il répond aujourd’hui aux besoins mêmes de leurs administrés ».
D’une façon générale, il faut noter qu’un grand nombre de lauréats ont réalisé des opérations de rénovation ou d’acquisition-amélioration dans l’ancien. C’est une tendance qui s’accentue qui est non seulement dans l’air du temps mais qui devrait devenir une activité importante des organismes de logement social dans les années qui viennent.
* Le jury était composé de Frédérique Chaze, présidente, directrice adjointe de la Dreal, Robin Hamadi, directeur de l’AR Hlm Paca & Corse, Claude Bertolino, directrice de l’Etablissement public foncier régional, Sandrine Bordin, directrice régionale d’Action Logement, Ludovic Primot, responsable de la relation client de la Banque des territoires, Francis Vernede, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, Christiane Wanaverbecq, responsable du bureau Méditerranée Le Moniteur, Camille Lominé, responsable de l’atelier Habitat de l’agence d’urbanisme du Pays d’Aix, Gilles Sensini, architecte, professeur à l’ENSA Marseille, et Stéphane Richard, responsable politique Logement à la CFDT Paca.
Un Grand prix qui récompense un projet et une politique globale de rénovation
Le Grand prix a été attribué à Habitations de Haute-Provence (H2P) pour la résidence Les Andrônes, une opération de 12 logements sociaux étudiants en plein cœur de la vieille ville (architecte : TDSO). Avec 6 PLAI et 6 PLUS destinés au moins de 30 ans, cette résidence s’inscrit dans une démarche de requalification du centre-ville que le maire, Daniel Spagnou, a entreprise depuis plus de 20 ans. « Il y a trente ans, précise-t-il, près de 45 % des commerces étaient fermés dans le centre ancien. Aujourd’hui, la vacance commerciale est tombée à 4 %. » Trois immeubles insalubres et dangereux sont ainsi désormais à disposition d’étudiants et de jeunes actifs. 4
André-Yves Lacombe, directeur général d’H2P, explique que son organisme est un partenaire régulier de la commune depuis longtemps sur le centre-ville. « Cette opération est la 9e que nous menons avec la ville de Sisteron. » Il souligne l’implication forte des salariés d’H2P dans l’opération. « Ce sont eux qui ont installé tous les meubles dans les logements. » La sobriété foncière est une des caractéristiques remarquée du projet.
Les lauréats
Les 9 autres lauréats sont récompensés à égalité, le jury ne désirant pas instaurer de hiérarchie entre eux.
Le Couvent de la Providence à Gap par 3F Sud (Battesti architectes & associés et Atelier Garcin-Coromp) est une réhabilitation d’un bâtiment classé monument historique datant du XIXe siècle. Ce couvent de bonnes sœurs s’élève sur 4 niveaux et sur 6 000 m2 de surface de planchers. Il accueille 86 logements du T1 au T5, dont 48 sont en duplex. L’architecture initiale, avec ses murs en maçonnerie de pierres sur l’ensemble des niveaux et sa toiture en ardoise, a été préservée. Les espaces communs et la convivialité du bâtiment initial ont été conservés pour accueillir des activités partagées. « On a l’impression de vivre dans un château », commente un habitant.
Jean-Michel Battesti, l’architecte, estime pour sa part que « c’est une immense chance de travailler sur un bâtiment qui était un lieu de résidence communautaire. Nous avons cherché avec Gilles Coromp, à conserver l’esprit du lieu et sa dimension collective. Dans les constructions neuves aujourd’hui, on a trop souvent tendance à privilégier l’individualisme. »
Les Jardins de la Californie à Nice par Côte d’Azur Habitat (Erades Bouzat Architectes) propose 40 logements locatifs sociaux dont 10 logements en habitat inclusif et 40 logements en reconstitution de l’offre Anru (ROLLS). Desservi par la nouvelle ligne de tram, tout près de la Promenade des Anglais, proche de l’hôpital Lenval et l’Archet et de plusieurs commerces de proximité, le site est idéal pour des personnes en mobilité réduite. Côte d’Azur Habitat a su adapter le projet en cours de route pour y inclure ces logements.
La toiture a été aménagée en terrasse divisée entre un jardin partagé à disposition de l’ensemble des locataires et des panneaux photovoltaïques qui permettent de produire une partie de l’eau chaude sanitaire. Le bâtiment a obtenu le label BDM niveau bronze.
L’ilot Nègre à Grasse par Vilogia (Maes sud architecte) est un grand défi relevé par les concepteurs et le maître d’ouvrage. A l’abandon depuis 1945, les immeubles présentaient des risques structurels graves et étaient au bord de l’effondrement en 2019. Il a fallu rassembler les 7 bâtiments de l’ilot, rigidifier l’ensemble, déposer tous les planchers pour réhabiliter la structure. L’architecte rend hommage au savoir-faire des entreprises qui ont participé au chantier.
Inscrit dans une opération large de réhabilitation du centre ancien de la ville, le projet permet en même temps de répondre à une forte demande de logements étudiants à Grasse. La réalisation met l’ensemble aux normes sismiques en vigueur et offre tout le confort d’une construction neuve actuelle. La sobriété se retrouve évidemment dans la consommation de foncier, mais aussi en matière de charges locatives : les logements sont meublés et équipés, notamment d’une connexion internet, ce qui permet une importante économie d’échelle.
Les Voiles à Saint Mandrier par Erilia (Atelier empreinte architecte) répond à un besoin social de plus en plus prégnant, l’isolement social des seniors. Résidence intergénérationnelle de 58 logements sociaux dont 20 sont réservés à des personnes âgées, les Voiles propose la mise en place d’activités avec une animatrice de vie salariée par le bailleur social. « Elle fait littéralement vivre la résidence, explique Frédéric Lavergne, directeur général d’Erilia. Je suis particulièrement fier de voir que la théorie fonctionne très bien pratique. »
Très sobre architecturalement, avec des façades compactes, la résidence a été bâtie sur un foncier originalement totalement imperméable. L’architecte en a profité pour désimperméabiliser et renaturer totalement le terrain.
Les Terrasses blanches à Bandol par Unicil (Baldassari Sibourg architectes) mêle logements locatifs sociaux (46 dont 25 pour jeunes actifs) et accession sociale (40 logements). C’est la reconversion d’une ancienne résidence de tourisme sur les hauteurs de Bandol classée architecture remarquable du XXe siècle. Mixant logements sociaux, BRS et logements pour travailleurs saisonniers, ce projet est clairement axé sur le logement des salariés. Anne-Christel Lextrait, directrice du développement immobilier d’Unicil, rend hommage à « la persévérance de la mairie de Bandol qui a tenu bon pour porter ce projet face à de nombreux opposants ». Avec l’aide de l’association Soliha, 25 jeunes saisonniers peuvent désormais trouver un logement sur la commune touristique où ils travaillent.
Pour l’architecte Sophie Baldassari, cette résidence « permet de changer le regard sur le logement social ». Très honorée de travailler sur un bâtiment de Jean Dubuisson classé au patrimoine, elle explique qu’ « un cahier des charges a été élaboré avec le maître d’ouvrage à destination des résidents pour les sensibiliser à la préservation de l’aspect remarquable du bâtiment ». Un travail approfondi a été réalisé avec l’ABF pour respecter l’architecture originelle, notamment les couleurs de l’époque. La réutilisation du bâtiment existant a évidemment participé à une grande sobriété dans l’emploi des matériaux.
La Maison André à Coudoux par Famille & Provence (Baldassari Sibourg architectes) est situé dans le centre ancien et fait la jonction entre le premier éco-quartier construit sur la commune et le futur en gestation. Avec le concours de l’EPF et avec l’aide de la Région et du Département, la ville de Coudoux a pu acheter une grande bastide dans le centre bourg sur un terrain de 1000 m2. « Une opportunité exceptionnelle, pour Janine Bellante, adjointe à l’urbanisme, que nous avons pu saisir grâce à la présence de tous les acteurs à nos côtés et du bailleur social Famille & Provence qui est déjà intervenu sur la commune ».
Pour Grégoire Charpentier, directeur de Famille & Provence, « construire 10 logements en plein centre-ville là où il y en avait un constitue une utilisation rationnelle du foncier pour construire la ville sur la ville ». Pour Sophie Baldassari, c’est l’intégration urbaine du projet « en permettant l’aménagement d’un carrefour emblématique du bourg » qui en fait tout son prix. Pour autant, l’utilisation du liège en ITE ou de la ouate de cellulose dans les combles, les logements traversants, les loggias protégées du soleil d’été ou les panneaux photovoltaïques en toiture ont permis au bâtiment d’obtenir le label BDM Argent.
L’Arche à Aix-en-Provence par Famille & Provence (Baldassari Sibourg architectes) est un foyer de 30 logements destinés à des personnes en situation de handicap mental : trois maisons de 10 logements individuels sur le modèle du studio avec coin cuisine privatif. Des salles communes sont réparties dans un quatrième bâtiment. Le tout est situé non loin du centre historique d’Aix, ce qui permet de mixer activités de nature (jardin partagé, potager, pétanque, espaces extérieurs généreux) et environnement urbain de commerces.
Volets bois persiennés, brise-soleils sur les façades exposées, terrasses en bois autour des logements limitent au maximum les équipements de climatisation l’été. La résidence permet d’accueillir dans les meilleures conditions des personnes fragiles en plein cœur de la ville d’Aix. « Il y a des projets qui marquent, souligne Grégoire Charpentier, celui-là en est un ! »
Les Collines à Cassis par Erilia (Christophe Caire architecte) est une opération de 60 logements sociaux dans une ville où le foncier est particulièrement rare. Une carrière en friche, propriété de la commune, non loin de la zone urbanisée et proche de certains équipements (école, piscine, parc de jeux), a été choisie pour une résidence 100 % sociale. Pointée pour son déficit de logements sociaux, la commune a été très volontaire sur le projet, « courage politique » que salue Frédéric Lavergne, directeur d’Erilia.
Dissimulé par les arbres, totalement intégré dans le paysage de la carrière, le projet a bénéficié d’une conception bioclimatique avec une réflexion sur l’orientation, sur la limitation des déperditions et sur les systèmes de ventilation, qui lui a permis d’obtenir le label BDM Argent.
La Meunerie à Miramas par 13 Habitat (Battesti Architectes & Associés) propose 40 logements locatifs sociaux, 20 appartements en accession sociale et 20 en accession libre. Il s’agit pour la ville de Miramas, déjà fort pourvue en logements sociaux, de rééquilibrer l’offre de logements. « Les demandes de logements sont énormes dans notre département, fait remarquer Frédéric Vigouroux, maire de Miramas, tous les maires cherchent à répondre à ces demandes. Les bailleurs sociaux sont ceux qui peuvent trouver des réponses. »
Nora Preziosi, présidente de 13 Habitat, fait état d’une « très grande coopération » entre la ville de Miramas et l’organisme Hlm. Elle précise que « aujourd’hui, les tours et les barres de logement sociaux, c’est fini, on construit à taille humaine ». Elle se félicite des projets de l’OPH « qui a prévu de construire 1000 logements par an à partir de l’année prochaine ».
Jean-Michel Battesti insiste sur la qualité des espaces extérieurs et l’intégration du bâti dans l’espace urbain. Il félicite les équipes de la ville pour « leur préparation fine en amont du concours » qu’il juge pertinente pour la réussite finale du projet.