Un séminaire sur la question de l’habitat participatif et les potentialités qu’il offre aux bailleurs sociaux s’est tenu fin avril à Marseille. En parallèle aux présentations théoriques, de nombreux témoignages (habitants et organismes Hlm) sont venus préciser les modalités et les avantages d’une telle démarche, notamment (et de façon plutôt surprenante) dans les QPV. L’Association régionale prévoit de tenir un webinaire le 16 juin pour approfondir encore cette question.
L’AR Hlm Paca & Corse, la métropole Aix-Marseille-Provence et l’association Regain ont organisé le 26 avril dernier un séminaire technique sur la faisabilité des projets d’habitat participatif et leur développement potentiel, suivi par près de 80 représentants de collectivités locales et de bailleurs sociaux. L’objectif partagé des partenaires est de permettre le développement d’opérations d’habitat participatif sur le territoire métropolitain en suscitant l’intérêt des organismes Hlm pour développer leur envie et leur capacité à initier de tels programmes.
En introduction des échanges de la matinée, Anne Chemier, chargée de mission à l’Association régionale, rappelle que les habitantes et les habitants impliqués dans les projets d’habitat participatif contribuent le plus souvent à apporter des réponses à de nombreux enjeux de société : lien social, bien vieillir dans le logement, pratiques éco-responsables, préservation de l’environnement, logement abordable… Cette nouvelle forme d’habitat peut être un allié appréciable des politiques publiques parce qu’elle permet de créer des cadres de vie partagés de qualité, à échelle humaine, et porteurs de démocratie participative, de cohésion sociale et d’écologie.
Un outil particulièrement adapté à la production de logements sociaux
A côté des vertus écologiques, environnementales et de qualité du cadre de vie, ces opérations d’habitat participatif permettent également de mixer les produits de logement (locatif ou accession) et de maîtriser considérablement les coûts de construction, jusqu’à 15 % moins cher qu’une construction « classique ». Ces deux dernières vertus en font un outil particulièrement adapté à la production de logements sociaux. Et à côté de l’autopromotion (où le collectif d’habitants est le promoteur du projet), à côté de la coopérative d’habitants (qui se finance en PLS de sorte que chaque habitant est locataire d’une copropriété dont il possède des parts), le projet peut être mené par un bailleur social.
En effet, l’organisme Hlm peut apporter son expertise de maître d’ouvrage tout en mettant en place un partenariat avec le collectif d’habitants. « C’est une révolution culturelle », explique Pierre Lévy, directeur de Regain, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui propose de l’accompagnement et des formations pour favoriser la réalisation de projets d’habitat participatif en PACA. Il présente une étude menée par l’association Habitat participatif France dont les résultats montrent que le dispositif, défini par la loi Alur en 2014, n’a pas été développé par la classe moyenne-supérieure, comme on aurait pu le penser à l’époque, mais plutôt dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
L’image valorisante de ce type de projets, le pouvoir d’agir collectivement et la capacité à renforcer la qualité du cadre de vie dans ces quartiers, sont les trois raisons avancées par l’étude pour expliquer le succès du dispositif. Cette capacité à diversifier les interventions dans le cadre du renouvellement urbain, dont peuvent s’emparer les bailleurs sociaux, est encore renforcée par le fait que « 80 % des projets d’habitat participatif perdurent au-delà de 20 ans », précise Pierre Lévy. « Il y a une vraie culture de groupe qui se créé autour de la conception et de la construction de l’immeuble qui fait que, malgré un renouvellement constant et naturel du groupe de départ, avec des ventes et des rachats de logements, la capacité d’intégration de tous les habitants au projet commun reste très forte ».
« Une opportunité d’apprendre ensemble »
A tout cela s’ajoute un niveau élevé de performance énergétique des bâtiments ainsi construits car l’implication directe des habitants fait que la gestion de l’énergie est opérée au plus près. Plusieurs habitants sont venus témoigner pendant ce séminaire et transmettre aux participants leurs retours d’expérience, notamment ceux ayant participé au projet des « Pipistrelles de la Durance » à Mallemort (15 logements locatifs et 15 en accession – livraison début 2023) ou des « Habeilles » à Marseille dans le quartier Saint Mauront (12 logements locatifs – livraison septembre 2022).
Des représentants de plusieurs bailleurs impliqués dans des opérations d’habitat participatif ont également donné leur sentiment (« une opportunité d’apprendre ensemble » a déclaré le directeur de Grand Delta Habitat), Maison Familiale de Provence, Erilia, Unicil et, donc, GDH qui a organisé durant l’après-midi, avec le collectif d’habitants, une visite du chantier des Habeilles.
Ce séminaire a suscité un fort besoin d’approfondir les retours d’expérience opérationnels, et notamment sur la difficulté de tenir un budget et un calendrier contraints tout en permettant la participation totale des habitants dès la programmation du projet. L’Association régionale a d’ores et déjà programmé pour le 16 juin prochain un webinaire sur le sujet durant lequel Christian Abbes, responsable de l’Union régionale des coopératives Hlm et Imed Robanna, directeur général du Comité ouvrier du logement (COL) seront aux côtés de Pierre Lévy, directeur de Regain. (Contact Anne Chemier).