JULIEN DENORMANDIE : “NOTRE CHOIX EST DE SOUTENIR MASSIVEMENT LA CONSTRUCTION”
Le ministre délégué à la Ville et au Logement est venu au Congrès de l’USH pour affirmer son attachement au modèle français du logement social. Pour compenser les effets de la RLS, il annonce vouloir s’engager fortement dans le soutien à la construc-tion de logements sociaux. Les aides à la pierre d’abord !
Monsieur le ministre, vous vous dites très attaché au modèle français du logement social que vous voulez absolument aider. Avec la RLS, les bailleurs n’ont pas vraiment le sentiment que vous les aidez. Que leur dites-vous ?
Pourquoi on a fait la RLS ? Vous aviez un système de fonctionnement du logement social dans lequel l’Etat intervenait à l’entrée, via des opérateurs comme la Caisse des Dépôts, et à la sortie via les APL. Et les sommes étaient en augmentation constante. Nous avons voulu rééquilibrer les choses, en mettant l’accent sur l’aide à la pierre et en allégeant le reste à char-ge du locataire. Donc, on a réduit d’abord les loyers et ensuite les APL à due concurrence.
Ce sont donc les bailleurs qui portent la charge?
Oui, mais comme je vous le disais, nous augmentons les aides que nous leur apportons pour construire. La Caisse des Dépôts met à leur disposition 10 milliards d’€, nous doublons les financements Anru, à hauteur là aussi de 10 milliards, nous lançons l’opération “Coeur de villes” pour laquelle nous demandons à Action Logement d’apporter des financements et nous venons d’adopter un plan pour les copropriétés dégradées, qui sont souvent dans les mêmes quartiers que les cités Hlm, de 3 milliards sur 10 ans. En plus, la réforme du Livret A va générer une baisse directe du coût de financement des organismes Hlm.
Vous pensez que cela pourra compenser la RLS ?
Notre choix depuis 15 mois, est de soutenir massivement la construction. La question reste, effectivement, de savoir si nos mesures sont suffisantes pour accompagner efficace-ment les bailleurs. Dans les protocoles que nous avons signés avec l’USH et avec les fédérations d’organismes Hlm, il y a un rendez-vous pris, un “point de revoyure”, fin 2018 ou début 2019, pour envisager, justement, si ce que nous avons fait est suffisant, et comment on pourrait le cas échéant l’améliorer. Je passe mes journées à me demander comment faire pour continuer à améliorer le soutien aux bailleurs sociaux.
La loi Elan devrait être définitivement adoptée par le Parlement. Les bailleurs sont aussi inquiets par les rapprochements qu’elle préconise ?
Pourtant, cela n’est pas un nouveau schéma. Beaucoup de bailleurs l’ont déjà fait. A la suite de propositions du Sénat, le seuil pour ces rapprochements a été fixé à 12 000 logements, mais la loi réaffirme aussi la nécessité d’une approche territoriale, c’est essentiel. Par ailleurs, la loi va assouplir les règles de cons-truction, notamment l’application du titre II de la loi MOP et l’obligation du concours d’archi-tecte. Elle va permettre également aux bail-leurs de pratiquer de nouveaux métiers, la requalification des centres urbains par exem-ple, et puis elle va ouvrir la possibilité de prêt entre bailleurs. Ainsi l’argent du logement so-cial restera au logement social. La loi ouvre donc de nombreux champs qui vont faciliter la vie des organismes Hlm.
(Propos recueillis par Michel Couartou en marge de la conférence de presse donnée par Julien Denormandie durant le Congrès de l’USH à Marseille)
Bio
Julien Denormandie, 38 ans, devient ingénieur des eaux et forêts en 2004.
Il intègre le ministère des Finances, en charge des relations économiques extérieures avec le Moyen-Orient et l’Europe de l’Est.
En 2012, il devient conseiller économique du ministre, Pierre Moscovici, et directeur-adjoint de cabinet du ministre Emmanuel Macron.
Il est nommé secrétaire d’Etat chargé du logement dans le premier gouverne-ment d’Edouard Philippe en juin 2017 et ministre délégué chargé de la ville et du logement en octobre 2018.